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la virevolte

Energie vitale

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Enfin l’hiver ! quelle joie de sentir le froid et l’humidité me piquer le nez ! A nous les bonnes soupes !

Plusieurs articles commencés et jamais achevés. Et combien virtuels, écrits mentalement en désherbant… Et plus le temps passe, plus il y a de choses à raconter. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que la chaleur et la sécheresse qui duraient encore la semaine dernière ont été une sacrée épreuve. La nature est belle sous cet éclatant soleil d’automne et combien je désirais, pourtant, un ciel maussade, de l’humidité, des trombes d’eau. Enfin, pas trop d’un coup.

Je n’ai jamais compris qu’on traite de bécasse une fille idiote, ce petit oiseau charmant est on ne peut plus malin. En revanche, la teigne, je vois bien l’image. Car ce sont des dizaines de ce petit papillon qui sont venus se réfugier courant juillet sous les voiles de mes poireaux, pondant, pondant, pondant. Et ce sont des milliers de larves qui ont creusé, creusé, creusé (imaginez une à 3 larves par fût, sur 9 rangs de 500 poireaux). Et quand le voile fut soulevé en septembre, tous les poireaux étaient fanés et habités. Colère, déception. Puis j’ai tout coupé en-dessous des larves, tout mis sur un tas à brûler loin. Et les poireaux se sont remis à pousser, pousser, pousser. Et ce matin, en soulevant le voile, je vois des teignes s’envoler (imaginez des mites qui sortent de votre placard à provisions). Amélie, technicienne à la CAB (Coordination de l’agriculture biologique) m’explique que c’est normal mais que ce vol aura moins d’incidence car elles vont hiverner avant de pondre à nouveau au printemps. Enfin, peut-être, car ce mois d’octobre est encore tellement chaud que les teignes peuvent se croire en mai. Allons bon.

Oui, parfois, je me demande si cela en vaut la chandelle car je ne sais pas encore si j’arriverai un jour à vivre décemment de mon travail. Mais je me rends compte à quel point être en contact avec la nature, la terre, me procure une énergie vitale incroyable. J’ai fait un rêve : en montagne, je suis assise au bord d’un ruisseau dans lequel je plonge ma main en regardant un pic enneigé puis me lève et pénètre dans un bois de résineux, sombre, aux odeurs de mousse et d’automne. Mon chat me suit. En sortant du bois, le soleil m’éblouit mais il ne me brûle pas comme il a pu le faire cet été, il me chauffe doucement le visage. Je gravis le sentier rocailleux. Mon pas est léger, et bien qu’escarpé, le chemin ne me donne pas l’impression d’avoir le vide en dessous. La vallée en face est dans l’ombre. Au sommet, j’hésite. Je sais que si je saute, je vais planer. Je choisis de rester. J’attends, admire la lumière qui baisse, le soleil qui se couche. Je n’ai jamais ni trop chaud, ni trop froid. Puis je me couche en chien de fusil sur un rond d’herbe accueillant. Je sens la présence de mes enfants. J’ai envie de prier. Voilà. J’ai pensé que cette montagne, c’était moi, l’énergie vitale qui me traverse, me donne envie de continuer, de grimper, de traverser les ombres et les lumières, d’accepter mes ombres et mes lumières. C’est ça, être dans la nature, même si elle n’est vraiment plus sauvage, ici en Anjou. C’est pour cela que rien ne m’émeut plus qu’une grenouille qui saute devant mes pas quand je récolte les céleris-rave ou qu’un gros lézard vert qui me regarde dans la serre à tomates. Et tant pis si je perds tous mes épinards à cause du mildiou, tant pis si les poireaux sont de nouveau dézingués, tant pis si j’en pleure. Tant pis si je passe pour une bécasse aux yeux des « vrais agriculteurs », ceux qui « exploitent » vraiment la terre à coups de métham sodium, de labour et qui n’hésitent pas à arracher et jeter un hectare de légumes quand leur coopérative n’en veut pas car le marché est saturé cette semaine-là. Quelques passages d’outils, d’engrais, de biocides et on recommence.

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J’ajoute un texte commencé en mai :

« Débarrassée de ma première déclaration PAC, je me réjouissais à l’idée d’accorder un peu de mon temps au blog. Mais coup de téléphone : une personne de la Chambre d’Agriculture m’a demandé de fournir des documents justifiant mes dépenses à la CIAP car la DDT les réclame pour le premier versement de la DJA. Vous n’avez rien compris ? Vous ne perdez rien. Tout ceci est bien ennuyeux et loin des raisons pour lesquelles j’ai décidé de faire ce métier. Mais mon point de vue est clair : les denrées agricoles ne sont pas payées à leur juste prix, les paysans survivent à peine, alors prenons l’argent là où il est : les subventions financées par d’aimables contribuables qui veulent du pas cher.

Pendant ce temps, la campagne se vide de ses paysans en sursis. Remplacés par des robots dans des fermes-usines ? Affamés de changement, quittez les villes ! Ce n’est pas l’agriculture urbaine et ses bacs sur les toits qui vous nourrira.

Que deviendront nos campagnes sans paysans ? Et sans animaux domestiques ? Passionnant dossier dans la revue « Limite » intitulé « en arche! » sur la place de l’animal dans notre monde trop humain. En classe de CE1 où j’intervenais, les enfants m’expliquent que nous ne sommes plus des animaux car nous ne vivons plus dans des grottes. Non, nous ne sommes plus des animaux : quel animal pousserait sa race entière au suicide comme nous sommes en train de le faire ? Non, nous ne sommes plus que des zombies accros aux écrans.

 

Et moi, je fuis tout cela, toutes ces nouvelles désespérantes du reste du monde, réfugiée dans mon arche. Je m’émerveille de chaque pinson, tourterelle, canard, aigrette, chaque crapaud, chaque libellule, couleuvre, renardeau, lièvre, coccinelle, musaraigne, lombric. Je les croise par dizaine, j’entends le coucou et le pic-vert, la grenouille, les grillons. C’est un ravissement enfantin de chaque instant. Tant pis pour les limaces, les pucerons, les thrips, les araignées, les altises, les piérides, les mouches mineuses. Je les prends aussi. Et le virus de la mosaïque qui se déclare dans les courgettes, je ne sais quel acarien qui dézingue mes jeunes concombres. Aujourd’hui sous la pluie orageuse, quelle arche ! Toute la terre respire après ces semaines de sécheresse. »

 

Visite de la ferme

A l’occasion de la porte ouverte de la Virevolte du dimanche 8 juillet annoncée dans la presse locale…!, voici quelques photos prises par une incroyable reporterre en herbe : ma nièce Margot, 11 ans. L’occasion aussi de donner de rapides nouvelles en images car je n’ai eu le temps de finir aucun des articles commencés depuis le dernier publié.

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Merci Margot !

Bel été  à tous.

C’est la chenille qui redémarre

Le printemps vient. Ses promesses et ses menaces. Un peu d’eau et de soleil et la végétation repart. Les semis de radis et le liseron. Un peu de chaleur et les choux poussent à vue d’œil. Et se couvrent de pucerons (je n’en suis pas encore venue à bout avec le savon noir). J’entends mille oiseaux gazouiller dès le matin. Mais c’est en silence que chenilles de noctuelle et d’actia caja grignotent implacablement les choux et les salades, malgré mes descentes le jour comme à la nuit tombée (frontale sur le nez) pour les zigouiller. Un de mes enfants me demandaient ce que c’était que les « chenilles professionnelles » (au lieu de processionnaires). Les professionnelles, c’est celles que j’ai chez moi  : efficaces, organisées, méthodiques et vicieuses sans aucun doute, elles attaquent dès que j’ai le dos tourné et font des ravages. J’ai l’espoir de limiter la casse le temps que les plants soient suffisamment gros. Mais je dois en planter encore une centaine dehors… Et dire qu’avec un bon coup d’insecticide, je pourrais avoir la paix une fois pour toutes.

 

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Quel plaisir de semer les premières graines de tomates, ça marche à tous les coups. Quelle course ensuite pour repiquer les plants un par un dans des godets. Ma table de semis est pleine, l’objectif étant d’en revendre une grande partie : je dois donc redoubler de vigilance pour bien annoter les variétés. Il suffit d’un coup de gel comme c’est le cas ces jours-ci pour en perdre : ça pousse facile, ça gèle facile.

 

 

 

 

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L’armée de tomates dont quelques braves petits soldats sont tombés la nuit dernière surpris par le gel sur le front russe (un côté du voile mal rabattu a suffi)

Je pense au tunnel d’été loin d’être prêt, au secours ! Je lance un appel à tout volontaire, bienvenue, welcome, wilkommen, bienvenida, 歓迎 : inscrivez-vous à n’importe lequel des prochains week-ends de mars ou avril via le formulaire de contact !

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Les primeurs sont bien en place sous le tunnel : je vois carottes, radis, navets, betteraves, salades, fenouils, pommes de terre grandir. Et crains la catastrophe même si j’essaie de rester philosophe : ravageurs, maladie, gel, montaison… Tout peut arriver ! Il faut les protéger du froid quand il fait -10, les aérer et arroser aux premiers rayons du soleil, les couvrir contre les insectes (vol de mouches à prévoir prochainement). Mais si tu couvres, tu vois plus les dégâts des limaces, chenilles et pucerons… La prochaine fois que par un après-midi de printemps où le soleil jouera à cache-cache avec les nuages et que sans cesse vous enfilerez et retirez votre veste à la terrasse d’un café… Vous penserez à moi : je serai sans doute en train de faire la même chose avec mes portes, enroulements de tunnels et voiles de protection de 50 m de long… Un tantinet plus fatigant : après tant d’agitation, je ne remets pas mon pull, en ce qui me concerne.

 

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Choux pointus et salades sur paille

 

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Enfin des salades !!!

J’écoute en travaillant, dès qu’un nouvel épisode est diffusé, « Le Journal Breton » d’Inès Léraud (Les pieds sur terre, France Culture) avec un vif intérêt, ou me régale de la chronique d’Arnaud Daguin dans l’émission « On va déguster » sur France Inter. Je sens  que nous nous battons pour les mêmes idées, urgentes, d’un changement d’alimentation, d’un autre rapport à la terre, accompagné d’une dénonciation révoltée du système actuel qui détruit êtres humains, animaux et paysages. Cela me motive et me conforte même si je n’oublie pas que pour vivre un peu de mon travail, il va falloir que je multiplie par 4 mon chiffre d’affaires actuel et dérisoire d’ici 5 ans. Mais pour cela je dois produire et travailler plus. En ai-je envie ?

 

 

Et dès le 31 mars, retrouvez-moi le samedi matin au marché de Saumur grâce au nouveau stand des producteurs  rénové par la Ville dans les Halles Saint-Pierre.

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Topette !

 

 

Imbolc

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Sous la neige, le printemps arrive…

dimanche 4 février

Abrutie par un bon rhume, définitivement découragée par une déprimante pluie fine et le vent du nord qui tourne autour de la maison, je suis finalement pas mécontente de n’avoir pas réussi à recruter une équipe de choc pour le tunnel 3. Le chat sur les genoux, je m’attaque au bilan de culture que je décide de disséminer dans mes prochains articles.

L’année 2017 a été globalement une bonne année. Printemps exceptionnellement sec et chaud, été moyen sans pluie, automne puis hiver très doux… La pluie tombe enfin depuis quelques semaines mais est loin de remplir les nappes et les puits par ici. Mon beau-père qui mesure les niveaux d’eau de son secteur me l’a confirmé – l’eau n’est plus stockée et « s’en va directement à Saint-Nazaire ». En cause la modification du paysage agricole traditionnel (lits de rivière modifiés, disparition des zones inondables…) et en particulier cet insensé recours au drainage même en sols sableux : l’eau n’est plus retenue dans les nappes et file directement dans les fossés pour permettre à l’agriculteur d’entrer dans son champ à n’importe quel moment avec son gros tracteur.

Sur ma parcelle sableuse, tout est imbibé d’eau, les limaces se prélassent, les engrais verts se sont bien installés. Au printemps 2017, alors que mon système d’irrigation n’était pas installé, ce fut une autre histoire :pdt paille

  • BILAN DE CULTURE les pommes de terre. 4 variétés, 100 kg de plants sur une parcelle qui a reçu du fumier de bovin (non bio) en janvier. J’ai commencé par la Margod, très précoce, productive et rustique. Le 11 avril, sur une planche de 50x1m désherbée au pousse-pousse, j’ai posé les tubercules à même le sol tous les 30 cm environ sur 2 rangs. Puis j’ai déroulé une balle de paille: il me faut la reprendre pour répartir correctement sur toute la longueur. C’est finalement assez long. Je ferai de même pour la Désirée le 8 mai. Puis le 20 mai, grâce à un voisin, nous plantons la Mayflower et la Ditta sur 5 planches à la planteuse, à fleur de terre. Paillage. J’enlève des épaisseurs sur les Margod qui n’ont toujours pas levé : le paillage sur un sol sec, pas de pluie et pas encore d’irrigation, les tubercules n’ont pas bougé ! Enfin, mon irrigation est finie et je peux arroser abondamment pour que cela traverse la paille. Je n’aurai jamais le temps de remettre la paille pour être sûre que les tubercules ne voient pas la lumière : en fin de culture, quand les parties aériennes faneront, les plants du dessus verdiront un peu. Qu’importe, le rendement est là (malgré le passage des sangliers évoqués dans un précédent article, et les nombreuses heures à récolter les doryphores cet été), 10kg au moins par plant et un calibre certain. C’est une année à racines… Elles se conservent bien. Je n’ai pas de problème de stock pour mes ventes. Pour cette nouvelle saison, j’ai lancé une planche de Margod en primeur sous tunnel (ce ne sera sans doute pas suffisant), j’augmente un peu la quantité de plants en plein champ, je planterai sur un sol humide avec la même méthode de paillage sur toute la surface, passe-pieds compris pour éviter le désherbage souvent à la main…

    Dimanche 11 février

Autrefois, dans ma précédente vie, les mois de janvier, février et mars me semblaient un interminable couloir d’une seule et même journée froide et déprimante. Depuis que je travaille dehors au rythme des saisons, je sens bien le changement qui s’opère début février, quand les jours rallongent, et que malgré la neige, la pluie ou le gel, malgré des journées sinistres, le renouveau est là avec les tout premiers bourgeons, le soleil qui chauffe sous les tunnels. On fêtait Imbolc chez les Celtes le 1er février, nous fêtons la Chandeleur le 2, reprenant à notre compte chrétien la tradition des galettes symboles du soleil et de la lumière qui revient. Une journée ensoleillée amène une énergie nouvelle et l’envie d’en découdre. Tout ne coule pas de source bien sûr : les premiers semis d’aubergines, poivrons, basilic ne sont pas un grand succès, mauvaise gestion du terreau trop compact et séchant. J’espère que les suivants seront mieux. Certains jours, c’est la fatigue qui prédomine, l’angoisse de ne pas réussir à tout faire : en février et mars,  le semis des fèves et des pois, la plantation d’oignons, d’échalotes, de plants de betteraves, fenouils, de choux, de salades récupérés auprès d’un maraîcher voisin qui arrête son activité, le chantier du tunnel 3 qui doit accueillir les légumes d’été. Viendront les pommes de terre, les semis de carottes, les poireaux… Et régulièrement, les salades et les radis. Honnêtement, je ne me sens pas capable de réaliser ça toute seule sans un nombre d’heures de travail dangereux pour mon équilibre et ma vie de famille. Et je ne parle pas de la commercialisation, 50% du temps.

Je vous quitte avec quelques photos de la neige et un court diaporama du mois de janvier. Topette !

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Bilan de campagne

Il est l’heure du bilan de cette première année.

Dehors, le vent et la pluie font rage. Décembre et janvier parcourent l’alphabet au gré des tempêtes : Ana, Bruno, Carmen et Eléanor ont visité le jardin avec leurs gros sabots (Dylan, lui, s’est cantonné aux îles britanniques)… Courber l’échine et attendre que ça passe bien au chaud dans notre moulin dans lequel nous avons emménagé il y a exactement un an après 6 mois de travaux. La grosse chaudière à bois déchiqueté (qui chauffe plusieurs bâtiments avec le bois d’ici) fonctionne à merveille (grâce à la vigilance quotidienne de mon beau-père), elle chauffe même l’eau sanitaire grâce à un serpentin dans le chauffe-eau. Le dernier chantier d’isolation à la ouate de cellulose est fini : onéreux mais plus écologique, plus efficace bien plus longtemps que cette cochonnerie de laine de verre. La chambre d’amis n’est plus un frigo, vous pouvez venir ! Et la dernière pièce de la maison est finie : les toilettes sèches dont je ne suis pas peu fière. Il ne me reste plus qu’à mettre en place la taxe dans les toilettes à eau pour toute personne qui préférera dépenser 6l d’eau potable plutôt qu’une demi-louche de sciure pour gérer ses besoins…

Mon contrat avec la CIAP, coopérative d’installation en agriculture paysanne a touché à sa fin le 31 décembre. Son équipe – Arnaud puis Maëlys, Simon, Muriel et les autres- m’accompagne depuis mon arrivée en Anjou. D’abord par le portage d’activité : j’ai pu, par le truchement de la CIAP, lancé mon activité (investissements et ventes) sans création d’entreprise et tout en touchant mes indemnités chômage, sur l’espace-test à Durtal (et me permettre de vendre des légumes à la Biocoop de la Flèche) puis dans mon jardin de la Virevolte à Longué. Pour installer mon outil de production : tunnels, matériel d’irrigation, la CIAP m’a accordé un prêt court terme. A la fin, je dois racheter mes investissements défalqués des amortissements. Une facture avec un pourcentage sur mon volume d’affaires et un coût de fonctionnement annuel me sera adressée courant janvier… Nous faisons également la différence entre les charges et les ventes : le résultat est positif et m’ a été reversé en salaire.

Inspecteur carotte et sergent betterave
Pour une pause pendant la lecture. Illustration de mon fils Ambroise, sa vision de la bio. Arrestation d’un bidon de pesticide par l’Inspecteur Carotte !

La CIAP c’est aussi le « stage paysan créatif » : un an pour se former en sessions mensuelles collectives, pour travailler sur son projet, construire son réseau local, en stage chez des maraîchers référents. Céline à la Ferme des Hauts Champs, Denis et Vincent au GAEC des Goganes ont été une aide précieuse et le sont toujours : je sais que je peux les appeler quand j’ai une question sur la production, la commercialisation ou autre. C’est très rassurant. Et ce sont de belles rencontres. Dans ma commune, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer mon réseau professionnel et de clientèle, je dois être patiente. Deux autres maraîchers bio sont déjà installés ici, avec des structures plus importantes et plus anciennes que la mienne. Je ne cherche pas à me mesurer à eux, simplement à faire ma place, avec mes convictions (sol vivant, semences non hybrides, pas d’achat/revente – en tout cas pour l’instant) et mes contraintes (peu d’expérience, un seul « ETP ». Vous ne savez pas ce que c’est ? C’est du jargon de l’administration agricole : « équivalent temps plein ». Bref, c’est pour dire que je travaille seule)…

Sortir de la CIAP signifie aussi que j’ai fini le parcours du combattant entamé l’hiver dernier : le parcours d’installation de la Chambre d’agriculture pour réaliser mon PE, plan d’entreprise qui est soumis sous forme de document CERFA à la CDOA, commission départementale d’orientation de l’Agriculture. Un PE, c’est un plan de conduite d’entreprise qui montre qu’on peut se tirer un salaire décent (le SMIC) au bout de 4 ans. En récompense de ce document exemplaire, on vous verse la DJA, dotation jeune agriculteur. Pour cela, il faut avoir moins de 40 ans et une banque qui vous accompagne… Moi, j’ai droit à 25000€. Cool. J’attends toujours la réponse officielle mais cela ne m’a empêché de déposer ma demande de SIRET auprès du CFE (centre de formalité des entreprises). J’ai mon nom sur verif.com, la classe ! J’ai également obtenu « l’autorisation d’exploiter » nécessaire à tout agriculteur et attribué par des gens dans un bureau quelque part et totalement injoignables… De plus, comme j’ai rempli les conditions d’ancienne chômeuse et les bonnes cases pour le prouver, l’aide ACCRE m’a été accordée : l’exonération d’une partie des cotisations MSA la 1ère année. Cool. Qui reporte d’autant celles qui me sont accordées en tant que JA. Attention, je suis JA mais pas JA. Entendez, je suis paysanne de moins de 40 ans (pour encore quelques mois) mais je ne suis pas inscrite aux JA, le syndicat des Jeunes Agriculteurs affiliés à la FNSEA. Eux, ce sont les méchants qui veulent pas qu’on touche au glyphosate, qui disent qu’en France on fait de la nourriture de qualité (en étant le 2è Etat le plus consommateur de pesticides en Europe, cherchez l’erreur…). Certains d’entre eux, ce sont aussi les pauvres bougres qui gagnent moins de 350€/mois, écrasés par les dettes et par plus méchants qu’eux – leurs commanditaires, les banques, les techniciens etc.

Bref. Tout ne se passe pas au jardin. Une partie de l’énergie est mobilisée sur ces questions administratives. Parfois pour la bonne cause, parfois pour le maximum d’emmerdements.

Allez, voici quelques photos légendées de mon passage ce soir au rayon « bio » (guillemets obligatoires) de l’hypermarché de la commune qui soit dit en passant lance une grande consultation auprès de leurs clients pour améliorer leur service. La seule idée qui m’est venue en pensant au centre-ville tout proche sans vie : Fermez vos hangars moches, fichez vos caddies à la ferraille, faites sauter le bitume de vos parkings à la dynamite !

 

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Elle est pas bonne mon idée pour 2018 ? Rasons toutes les zones commerciales de France, youpi ! Et venez faire vos courses dans les fermes bio sans guillemets.

 

 

Topette !

 

L’ail et le piment au menu

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Les lumières et les couleurs d’automne me ravissent… Même les voiles et les bâches plastiques sont beaux sous la brume !

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Le mardi, c’est maintenant le jour de l’AMAP, avec priorité à la récolte. J’ai eu un peu de temps pour commencer à préparer la planche dans le tunnel 1 qui va recevoir les pommes de terre primeur (des Margod de ma récolte de cet été car très précoces).

WP_20171121_004Je dois enlever le liseron qui traîne par endroits, la paille restée sur la planche (après concombre), planter les pommes de terre plutôt serré (les mulots vont-ils en laisser ?), remettre la paille. Forte d’une belle équipe composée de moi-même, le désherbage des carottes primeur a commencé : du mouron surtout, des carottes, peu. Bon. Il faut quand même désherber. Bon. Quinze mètres en une matinée. Bon. Après ça ira plus vite, le faux-semis a été plus efficace. Et la levée a l’air mieux. Mmm, l’espoir fait bon vivre.

Pendant que je préparais les paniers cet après-midi, la « CDOA » se réunissait pour attribuer ou pas les aides Jeune Agriculteur aux candidats à l’installation. Mon dossier faisait partie de la pile. Verdict un jour… M’attend sur la table de la cuisine, un très mauvais endroit, le dossier à remplir pour créer mon entreprise. Ça se précise. De la paperasse à l’horizon.

Des chenilles ont mangé les plants de salade. Un soir, j’ai pu en prendre une sortie de sa cachette, en flag’. Elle a passé un sale moment. Semis très tardif recommencé et voilé + terre de Diatomée.

Le diagnostic se confirme : mildiou sur les épinards. J’ai testé le bicarbonate mais Patrick Goater de Purin et Cie me le déconseille : « il est fortement alcalin/oxydé et c’est le domaine de maladie des végétaux. Tu soigneras peut-être le mildiou pour un moment mais il reviendra en force. » J’ai donc utilisé la prêle récoltée en juin qui séchait à l’ombre et au sec sur la base de 250g/10L d’eau. Je vais refaire une application demain. Il aurait fallu que j’ajoute un peu de cuivre. Sinon, il existe une recette à base d’huile essentielle de clou de girofle et origan… Plus compliqué pour moi.

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Bientôt dans les paniers !

Dans les paniers de l’AMAP, on pouvait trouver ce soir : poireaux, carottes, chou frisé, patidou, salade, céleri-rave, radis violet d’Automne, ail, piment d’Espelette, bouquet d’aromatiques. Seul l’ail ne provient pas du jardin : un reste de mes semences bio.

Les rescapés de la semaine : le chou frisé (qui continue d’éclater…), les salades d’hiver qui ont eu bien froid ce week-end et qu’il a fallu que je récolte. Du côté des poireaux, toujours beaucoup d’épluchage : pour obtenir une caisse de poireaux, j’en remplis deux de feuilles attaquées par les larves…

Voici quelques informations à picorer pour cuisiner tous ces légumes bruts et plein de terre ! Tout d’abord, bien les brosser sous l’eau, les éplucher que si nécessaire. La peau concentre nombre des bienfaits du légume.

Avec les carottes et le chou : un « coleslaw » (en dégustation ce soir à la distribution !) :

Râpez quelques carottes, coupez le chou très fin (râpe côté lame de votre robot). Réalisez une mayonnaise, idéalement avec de la moutarde ancienne, de l’huile neutre mais BIO (première pression à froid etc. cf billet précédent), tournesol désodorisée chez moi avec un peu d’huile d’olive, un peu de sauce soja si vous avez, des graines de sésame toastées à la poêle nue. Si comme moi, vous avez raté votre mayonnaise, à la vinaigrette c’est très bon aussi.

Patidou : recette de Laurence, notre boulangère. Scalpez la bête, évidez les pépins que vous remplacez par un oeuf, un peu de crème fraîche, du fromage type roquefort et hop au four. Combien de temps ? Piquez la bête pour le savoir.

Pour tout savoir sur le piment, ça tombe bien : vous pouvez réécouter l’émission « On va déguster » de dimanche dernier sur ce sujet.

Le piment a poussé avec les autres poivrons sous serre : je les ai récoltés au fur et à mesure de leur maturité et les ai mis à sécher dans une caisse. Si j’en refais l’année prochaine, j’en cueillerai aussi en vert : qui voudra se lancer dans la réalisation de a « salsa verde » dont on trouve la recette sur la page ci-dessus ?

A savoir : plus on cuit le piment, plus il est fort. En ce qui me concerne, débutante en la matière, j’en mets quelques petits morceaux hachés (environ 1cm²) comme je peux dans mon plat (soupe, riz, viande) : pour l’instant aucun de mes enfants n’a crié au feu, je vais pouvoir augmenter les doses. Le piment bien sec se conserve très longtemps. Attention lorsqu’il est encore frais, une fois entamé, il risque de moisir.

Et pour l’ail, je me permets de copier un extrait de la dernière lettre écrite par Augustin de Livois pour l’Institut pour la Protection de la Santé naturelle :

« L’ail : tue les bactéries, les virus et les parasites, joue sur le confort digestif (activité prébiotique qui tue les bactéries intestinales pathogènes sans endommager la flore intestinale), fluidifie le sang et est indiqué en cas d’hypertension, pour prévenir les maladies cardiovasculaires et même pour les migraines.  

L’ail est un antibiotique naturel puissant. Les scientifiques expliquent que les qualités antibactériennes et antifongiques de l’ail viennent de l’allicine. Cette substance, composée de soufre, a donné son nom à la famille des plantes à laquelle l’ail appartient. Ce sont les alliacées. On y trouve également l’oignon et le poireau. L’allicine protège l’ail des insectes, des parasites et des champignons. C’est un mécanisme naturel de défense. 
L’ail présente un autre avantage. Bourrée d’antioxydants, c’est une plante de l’énergie. Elle revitalise le métabolisme grâce aux vitamines et aux minéraux qu’elle apporte. 

En effet, l’ail contient : 
des vitamines : A, B1, B2 et B6, de la vitamine C, des métaux utiles pour la santé (mais dangereux en excès) : du manganèse, du fer, du cuivre, du sélénium, des flavonoïdes, qui sont des antioxydants.  des tocophérols, ou vitamine E, qui sont aussi des antioxydants, des saponines qui renforcent le dispositif antibactérien et antifongique de la plante.

Pour profiter pleinement de l’effet antibiotique de l’ail, l’idéal est de le manger cru. Lorsque l’ail est pressé ou découpé, voire mâché par les dents, l’allicine est libéré. 
Si vous tenez absolument à faire cuire votre ail, privilégiez une cuisson à basse température et courte (15 minutes maximum). 
 Voici une recette à utiliser en cas de rhume ou d’infection ORL : 

Mélange d’ail, de miel et de jus de citron : 
Dans un verre d’eau, videz le jus d’un citron. Ajoutez, deux cuillères à café de miel et enfin votre gousse d’ail pressé. Recommencez toutes les 4 heures. »

Chiche ?

Et pour marier ail et piment ?

Crème d’ail au piment : 10 gousses d’ail et 1/4 de piment

Porter à ébullition les gousses d’ails (3 min), égoutter et recommencer l’opération à deux reprises.Dans une casserole avec 1 cuillère à soupe d’huile d’olive faire cuire (2min) l’ail, le piment. Rajouter 20 cl de crème fraîche et laisser cuire à feu doux (15min). Sortir du feu et mixer le tout.

Avec cette recette, fini les microbes !!

Je n’ai pas de photo du panier de la semaine. Voici celui de la semaine dernière!!WP_20171128_005

Les amapiens n’ont pas pu avoir encore d’épinards (malades) et de mâche (entre 2 séries). Plutôt que de couper la rosette entière, je ne cueille que les feuilles : moins de travail de préparation à la maison puisqu’il n’y a plus qu’à les laver et la possibilité de faire plusieurs coupes pour le maraîcher. Elle est pas belle, la vie ?

Pour finir, l’image de la semaine !

wp_20171204_001.jpg« Une carotte et ses petits ». Malgré son bras protecteur, maman carotte n’a pas empêché que les bébés se fassent croquer la tête par des mulots. La cruauté du monde sauvage.

 

 

 

 

 

 

 

 

Topette !

Fleur

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Bar à légumes et soupes au marché de l’Avent de Longué

Jeudi soir

Nous sommes jeudi soir et tant de choses se sont déjà passées cette semaine.

Elle a commencé dimanche à 16h. J’avais deux heures à tuer et je n’ai pas pu m’empêcher de me lancer dans un chantier qui m’en a pris cinq… J’avais récolté 6 gros choux frisés qui avaient éclaté (la douceur des températures n’arrêtant pas la végétation). M’inspirant de la méthode décrite sur les sites de mon-bio-jardin.com et de nicrunicuit.com, je me suis lancée dans la réalisation d’une « choucrute », de la choucroute crue. Le gros pot en grès qui servait de déco dans le jardin de ma belle-mère a retrouvé sa fonction première après un bon récurage (sans détergent agressif, cela va de soi, histoire de ne pas freiner la lacto-fermentation). Est-ce que cela va fonctionner ? Verdict dans quelques semaines. Ou quelques jours si ça tourne à la catastrophe !

Au bout de 3 jours, la première étape est validée : le chou rend de l’eau sous l’action du gros sel… A suivre.

Mardi, mon jardin connaît ses premiers frissons : -5°C durant la nuit ! La pompe enveloppée dans son voile d’hivernage tient le coup. C’est un coup mortel pour les tomates, poivrons, courgettes et physalis. Je vais pouvoir nettoyer mon premier tunnel. quelle belle lumière ! J’admire aussi mon semis d’engrais vert à la volée dans mes chemins : l’avoine verte lève bien drue. Le sorgho dans la grande parcelle a gelé et devrait laisser place à l’engrais vert suivant : avoine, féverole, vesce.

La pluie s’annonce mercredi, on ne la boude pas ! Bien à l’abri dans le tunnel 2, je fais un semis de radis roses et de carottes primeur avec le semoir 4 rangs Sembdner. Le réglage n’est pas très précis, j’ai utilisé de la « Touchon » qui est précoce mais pas spécialement réputée pour jours courts (en bio, on sème souvent l’hybride Napoli – je suis preneuse de suggestion de variétés non F1 de carottes primeur…) : si ça donne quelque chose, c’est vraiment la chance du débutant ! Je voile le tout et arrose. Combien d’heures de désherbage de mouron m’attendent ? J’ai enlevé à la fourche-bêche les racines plongeantes de liseron avec application et patience. Il me restera de la place pour les autres primeurs : oignons, betteraves, navets, salades… Pommes de terre et choux iront sans doute  faire un tour dans le tunnel 1 car je pourrai les planter même s’il reste de la paille après quelques petits mois d’occultation en hiver…WP_20171107_004

Je continue de planter des petites séries des salades d’abri : Fakto (laitue beurre), Solinice (feuille de chêne), Curtis (batavia) avec un peu de phosphate ferrique contre les limaces.  Je refais un semis de ces graines enrobées d’argile dans la serre à plants pour en avoir des précoces au printemps. Difficile encore de déterminer les quantités nécessaires. Je récolte mes premiers épinards qui ont bien l’air d’avoir le mildiou avec leurs petites tâches jaunes, traitement au bicarbonate en vue (je donnerai les dosages si ça réussit dans un prochain article), le mesclun (mizuna vert et rouge, jeunes blettes rouges, pousses de salades), de la mâche. Les panais et les céleris-raves sont plutôt beaux (j’en ai pas mal des petits aussi…), jolie surprise. Premières récoltes de scaroles et frisées blanchies selon des méthodes artisanales : ficelle ou double pot noir retourné… Enfin, de la feuille, de la vraie (la salade conventionnelle sous son air pur et innocent est l’un des légumes les plus traités – sans parler des méthodes de culture catastrophiques de la mâche nantaise).

Cette semaine, c’est aussi le coup d’envoi de la reprise de l’AMAP de Longué ! Le nombre d’adhérents ayant dégringolé, le précédent maraîcher a renoncé après quasiment 10 ans de bons et loyaux services. On repart avec quelques paniers et beaucoup de motivation. Première distribution le 14 novembre. J’espère que les Amapiens apprécieront mes légumes : la composition des paniers, les quantités… et que j’en aurai suffisamment pour tenir jusqu’au printemps ?! Tout est à organiser : trouver de nouveaux adhérents, de nouveaux producteurs car certains ont arrêté aussi. Cela demande du temps, du travail collectif, un beau défi.

Mercredi, j’envoie enfin mon étude de marché à la chambre d’agriculture pour finaliser mon dossier de demande de Dotation Jeune Agriculteur. Je devrai passer à la commission de décembre mais rien n’est moins sûr, les dossiers se bousculent à l’entrée. Cela ne m’empêchera pas de m’installer mais retardera le premier versement. Le plus important est acquis : l’accord de la banque. Il reste beaucoup de démarches administratives : création de l’entreprise, sortie de la CIAP et du portage d’activité… Mmmm, tout ce que j’aime.

Me voilà jeudi soir,après le marché du matin et la préparation des paniers pour demain. Nous rentrons de l’école avec les enfants qui me demandent une purée de pommes de terre pour le dîner. Qu’à cela ne tienne : je passe au hangar prendre quelques Désirée à chair tendre, attrape 3 petits panais. Le dîner est simplissime et on se régale. Pommes de terre+ panais cuits à l’eau avec du thym puis écrasés à la fourchette avec de l’huile de l’olive. Mesclun et graines germées, maquereau mixé avec des pois chiches, persil, huile d’olive, moutarde, curcuma pour y tremper des carottes « rouge-sang », tartines de pain maison (200g de levain, 380g d’eau, 600g de farine, sel, levée 5 heures au chaud, façonnage puis levée 1 heure dans 2 moules à cake et cuisson à 250° pendant 25 minutes et 200°C 15 minutes) beurre et rondelle de radis violet d’automne qui pique à peine (victoire !). Compote de pommes cuites à feu très doux 1/2 heure avec une infusion de romarin (le reste de ma théière!).

Que demander de plus ? Une bonne nuit !

 

Topette.

 

 

Du bon voisinage

Au programme, petit tour du jardin en images et rapide évocation des derniers travaux. Pour finir, quelques éléments sur les apports nutritionnels du poireau.

Nous connaissons un automne magnifique et terriblement sec. La pluie se fait attendre… La Loire n’est plus qu’un banc de sable, les nappes sont au plus bas. Il faudra un hiver et un printemps extrêmement pluvieux pour remplir les réserves.

 

Je récolte encore pas mal de tomates bien que les plants soient vraiment en bout de course. Elles n’ont évidemment pas le même goût que cet été, mais on peut encore encore profiter pour qui a le temps de faire des sauces maison.

 

Les animaux du jardin ont changé : plus de piérides (papillons blancs qui pondent leurs chenilles dans les choux), d’abeilles, d’araignées… Je croise ravissantes reinettes et crapauds débonnaires. Les loches débarquent : ces petites limaces voraces qui se sont jetées sur les salades plantées dans la paille. Je ne me passerai donc pas de « phosphate ferrique », un anti-limaces autorisé en bio si je veux pouvoir en vendre quelques-unes. Sur la toile tissée, mâche, épinards et mesclun s’en sortent mieux. Et beaucoup mieux que mes énormes et magnifiques choux frisés qui éclatent sous l’effet des clémentes températures. Ou mes poireaux dévorés par la mouche mineuse malgré le voile anti-insectes : une amélioration à prévoir pour la saison 2018 !

 

Mon voisin, un vrai soutien moral et technique, est venu semé les engrais verts de ma récolte 2017 : avoine, féverole, vesce dans la parcelle prévue pour 2018. Il a passé un outil à disques : je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure idée, étant donné la présence de chiendent qui se retrouve morcelé et repartira de plus belle. On verra… Nous avons décidé d’intégrer également une partie du sorgho de la grande parcelle de 3 ha et d’en garder l’autre partie, après semis d’engrais verts (au semoir à engrais) afin de comparer la levée de ces derniers. Dans la partie non détruite, il faudra que le gel détruise le sorgho (broyé une fois à la fin de l’été, avec pas mal de paille) pour que l’engrais vert suivant lève. A suivre…

Il aurait fallu que j’épande le fumier de cheval que je récupère chez un autre de mes sympathiques voisins avant le passage des disques mais malheureusement mon petit épandeur a lâché. Il a fallu changer les roulements à billes du rouleau : 293€TTC. Et le fumier sera épandu sans être intégré. J’ose espérer que les microrganismes sauront les ingérer – ce sera en tout cas plus long. C’est plus en adéquation avec l’idée de s’approcher au maximum du fonctionnement d’un sol de forêt : jamais la matière organique n’y est mélangée… Mon sol sableux et travaillé de manière conventionnelle jusqu’à l’année dernière aura-t-il assez de répondant ? Une solution sera de couvrir avec des bâches d’occultation une partie de la parcelle. Je vais récupérer des bâches d’ensilage lundi dans une ferme voisine.

Je pense que quelque soit l’endroit où l’on choisisse de s’installer, les rencontres et les ressources sont nombreuses si tant est que l’on n’a pas trop d’apriori, une envie de connaître ses voisins et de partager des chantiers ou un apéro… Je rencontre régulièrement des personnes qui m’encouragent et me soutiennent. Ce matin, sur mon petit marché du dimanche, je rencontre une nouvelle cliente qui m’annonce qu’elle est végétarienne, ravie de savoir qu’elle peut trouver des légumes non traités non loin de chez elle et qui connaît du monde qui sera intéressé. C’est long de se faire connaître, je n’ai pas le temps de beaucoup communiquer. Je multiplie les occasions de vente avec l’envie de m’intégrer dans ma commune avant de filer commercialiser à Saumur et à Angers. Mais concurrence des potagers, retraités frugaux… Ce n’est pas forcément facile – pourrais-je attendre ? Et cela sera-t-il suffisant : le 1er janvier, mon installation est officielle et il faudra produire et vendre bien plus.

 

 

Pour finir, petit coup de projecteur sur le poireau :

Personne n’aime le « ver » du poireau, pondu par une mouche de quelques millimètres qui laisse ses larves descendre, s’installer sur les feuilles pour un premier stade puis s’insinuer dans le blanc sous forme de « pupe ».
Mais que cela ne nous fasse pas pour autant bouder le « vert » du poireau que l’on a tendance à jeter. En effet, très riche en fibres, il peut ne pas convenir aux intestins fragiles. Les fibres présentes dans le blanc sont solubles et rendent ce dernier moelleux. Toutes ces fibres sont bonnes pour le transit.
La coloration des feuilles signale la teneur en vitamines (provitamine A, vitamine C). Pour les garder, il faut favoriser la cuisson vapeur, douce et pas trop longue.
En ce qui me concerne, si je ne l’ai pas gardé pour ma recette, je mets le vert qui reste dans la soupe…
Le poireau, c’est avant tout de l’eau et très peu de calories. Mais aussi, une variété de vitamines et de minéraux que notre organisme ne sait pas fabriquer et qu’il est nécessaire d’apporter par l’alimentation : de la vitamine C aux propriétés antixoydantes (système immunitaire, formation du collagène, énergie, système nerveux, fatigue, absorption du fer), de la vitamine K qui intervient dans la coagulation sanguine, vitamine B6 (énergie, système nerveux, synthèse de protéines, formation des globules rouges), de la vitamine B9 qui aide à lutter contre la fatigue (renouvellement cellulaire, très intéressant pour les femmes enceintes pour le développement du fœtus, et chez les enfants en croissance, ainsi que pour les personnes convalescentes), et aussi du potassium qui contribue favorablement à la régulation de la pression artérielle.

Le poireau se conserve bien et se cuisine simplement : cuit entier ou juste le blanc à la vapeur pour le manger avec un peu d’huile d’olive ou une vinaigrette. En fondue : coupé en petites rondelles et cuit très doucement avec un fond d’eau (le mieux : dans une petite casserole, recouverte d’une assiette qui appuie dessus- c’est l’eau du légume qui va permettre de le cuire sans rien perdre des nutriments). Cette fondue accompagne du riz par exemple ou finit dans une quiche. Et bien sûr, tout aussi classique, dans une soupe !

En passant, pour votre poireau-vinaigrette, je vous encourage vivement si ce n’est pas déjà fait à abandonner les huiles alimentaires industrielles au profit des huiles bio vierges pressées à froid. Le procédé par raffinage industriel est une calamité : « les fruits ou les graines sont pressées à haute température. Puis, on extrait l’huile par solvant. On chauffe le mélange. Le solvant s’évapore. L’huile obtenue est brune. Son odeur et son goût sont désagréables. Il faut donc la raffiner. Elle est alors, tour à tour, purifiée (ou démucilaginée), neutralisée, désacidifiée, décolorée et désodorisée. Joie ! On utilise pour ces opérations : de l’acide sulfurique, ou phosphorique, de la soude caustique et des charbons actifs ». (extrait lettre de l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle).

Topette ! (« salut » en angevin)

Fleur

Le génie des plantes

Un mois déjà ! Et l’automne est là.

Epinards, mesclun, et mâche sont semés en plaque. Les épinards ne sont pas en forme, j’ai relancé un semis au cas où. Chicorées en tous genres sont plantées dehors : il me reste à en mettre sous tunnel… Mais ce dernier n’est toujours pas prêt ! Un grand pas a été franchi la semaine dernière avec l’enterrement du dernier tuyau qui devait l’être (avec une mini-pelle). Enfin. Il n’y a plus qu’à monter le peigne pour le goutte-à-goutte, enlever les bâches d’occultation, percer des trous dans la bâche tissée qui accueillera épinards et mâche. Salades et blettes seront dans la paille. Je laisserai une planche libre pour un premier semis de carottes en novembre et une ligne d’oignons nouveaux. Et la cerise sur le gâteau serait que j’arrive à installer de l’aspersion pour humidifier tout le sol du tunnel sec depuis des mois.

Dehors, je dois préparer la planche pour l’ail à planter en novembre : j’entends là mettre une bâche d’occultation (qui devrait y être depuis longtemps). Une des difficultés de ce métier est de jongler avec les saisons : celle qui est en cours qui demande entretien, désherbage, arrosage, récoltes; celle qui est à venir pour anticiper la préparation des planches toutes méthodes confondues (passer un outil, occulter, faire un faux semis, semer un engrais vert) et les semis et celle qui est passée – le moins drôle, c’est-à-dire enlever les restes de cultures et décider comment mettre ces espaces en attente (là encore, occultation, engrais verts etc.). Ainsi, je dois arracher les restes de culture de concombres et aubergines dévastées par les « araignées rouges » (acariens qui ont aimé l’ambiance sèche de mon tunnel), désherber les fraisiers surtout ceux sur paille gagnés par le liseron. Occulter les planches des pommes de terre récoltées (une tonne !) où toute la paille restante va nourrir les vers de terre : je décide donc de les laisser préparer le sol. Le principe de l’occultation est géniale mais difficile à mettre en oeuvre seule car les bâches d’ensilage récupérées sont grandes et lourdes. Si je les coupe, il faudra beaucoup plus de poids à porter (cailloux, parpaings, rondins…) pour les empêcher de s’envoler. Je dois aussi penser à l’année prochaine puisque je bascule dans la deuxième moitié de ma parcelle : mon voisin vient demain matin passer le cultivateur pour semer un engrais vert (avoine, féverole, vesce). Pendant que je prépare le tunnel n°2 pour les cultures d’hiver, j’essaie de mobiliser des équipes de « volonterres » pour monter la troisième.

 

J’ai fini de lire « La vie secrète des arbres » dont on a beaucoup parlé cette année : cette lecture (et d’autres) et ce que j’observe au quotidien confirme à mes yeux le génie des plantes. Des millions d’années d’évolution leur ont permis de mettre au point des stratégies de survie incroyables. Dépourvues de cerveau et de moyens de locomotion (bien qu’elles se déplacent par la reproduction en disséminant leurs graines…), elles n’en sont pas moins capables de communiquer entre elles par leurs racines et les fameuses mychoryzes qui se développent aux abords de ces dernières (et d’autres moyens). Ce qui me frappe, c’est que l’on parle souvent de l’état de nature pour évoquer un monde d’une lutte sans merci où le plus fort gagne toujours (chaîne alimentaire etc.). En réalité, les plantes, même si elles sont en concurrence pour l’eau, la lumière, les nutriments…, collaborent énormément entre elles : j’ai l’intuition que ce compagnonnage est plus important pour leur survie que la tentative de prendre le dessus sur les autres.

Mais la présence humaine de plus en plus envahissante fait disparaître peu à peu les derniers endroits sauvages et bouleverse ces équilibres. Ainsi de nouvelles épidémies, telles que la maladie de Lyme avec son lot de bactéries mutantes et hyper agressives pour nos systèmes immunitaires gravement déficients, voient le jour comme un signe que le monde sauvage se rebelle… Tant pis pour nous. Les plantes, elles, sauront toujours s’adapter malgré les rétrogrades Monsanto et cie qui continuent de balancer n’importe quoi dans les sols et les nappes phréatiques et manipulent le vivant. J’entends dire « les décroissants, ces fous dangereux qui veulent nous renvoyer au temps des cavernes ! ». Je rigole : le temps de l’hyperconsommation a disparu et fait déjà partie de temps obscurs. Dommage qu’il faille vivre tout cela par la catastrophe alors que nous aurions pu l’anticiper si nous avions fait preuve de mesure. « Que tu es négative! » me dira-t-on. Certes, je ne veux pas être dans un positivisme béat soufflé par un slogan de supermarché. Mais tous les jours, je me lève et j’agis, je travaille avec et pour le vivant, me réjouissant d’un ver de terre, un grillon, une grenouille, un chou-fleur naissant, pestant contre les doryphores et les acariens mais les acceptant aussi car mon jardin n’est pas sauvage et que la nature domestiquée se rebelle dès qu’elle peut. Néanmoins, elle est belle et m’apprend l’humilité.

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Qui se cache dans l’image ?

Revenons à des choses sérieuses avec une petite recette roborative bien que sans viande pour la rentrée des petits et des grands.

Recette : Chili con légumes d’été (tirée de « Savez-vous goûter..les légumes secs ? » de Bruno Couderc…)

Pour 6 personnes… ou plusieurs repas

450g de haricots rouges cuits (pour les Saumurois, retrouvez ceux du Gaec Pachamama à Dénezé en vrac dans les Biocoop du coin)

200g d’oignons, 2 à 3 poivrons, 3 grosses tomates fraîches, 2 à 3 aubergines, concentré de tomates (pour ma part, tomates mixées revenues et réduites avec du sucre), piment d’espelette (de mon jardin, bien sûr), épices (cumin, curcuma, aneth…)

Faire revenir 15 minutes les aubergines coupées en dés et couvertes avec huile d’olive et gros sel. Réserver. Dans un fait-tout, faire revenir oignons et poivrons coupés en lamelles dans de l’huile d’olive et gros sel. Couvrir 15 minutes. Ajouter les condiments, laisser 5 minutes puis incorporer les haricots. Laisser mijoter très doucement le plus longtemps possible : une demi-heure voire une heure puis encore une demi-heure avec les aubergines. Vous pouvez assaisonner avec un peu de sauce soja.

Accompagner de riz, par exemple.

Une petite photo de mes paniers de légumes pour vous souhaiter une bonne semaine !

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Ma livraison de paniers du vendredi !

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