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La vie sur terre

Cette catégorie permet de classer des articles plus généraux sur le sens de ma démarche.

C’est la chenille qui redémarre

Le printemps vient. Ses promesses et ses menaces. Un peu d’eau et de soleil et la végétation repart. Les semis de radis et le liseron. Un peu de chaleur et les choux poussent à vue d’œil. Et se couvrent de pucerons (je n’en suis pas encore venue à bout avec le savon noir). J’entends mille oiseaux gazouiller dès le matin. Mais c’est en silence que chenilles de noctuelle et d’actia caja grignotent implacablement les choux et les salades, malgré mes descentes le jour comme à la nuit tombée (frontale sur le nez) pour les zigouiller. Un de mes enfants me demandaient ce que c’était que les « chenilles professionnelles » (au lieu de processionnaires). Les professionnelles, c’est celles que j’ai chez moi  : efficaces, organisées, méthodiques et vicieuses sans aucun doute, elles attaquent dès que j’ai le dos tourné et font des ravages. J’ai l’espoir de limiter la casse le temps que les plants soient suffisamment gros. Mais je dois en planter encore une centaine dehors… Et dire qu’avec un bon coup d’insecticide, je pourrais avoir la paix une fois pour toutes.

 

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Quel plaisir de semer les premières graines de tomates, ça marche à tous les coups. Quelle course ensuite pour repiquer les plants un par un dans des godets. Ma table de semis est pleine, l’objectif étant d’en revendre une grande partie : je dois donc redoubler de vigilance pour bien annoter les variétés. Il suffit d’un coup de gel comme c’est le cas ces jours-ci pour en perdre : ça pousse facile, ça gèle facile.

 

 

 

 

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L’armée de tomates dont quelques braves petits soldats sont tombés la nuit dernière surpris par le gel sur le front russe (un côté du voile mal rabattu a suffi)

Je pense au tunnel d’été loin d’être prêt, au secours ! Je lance un appel à tout volontaire, bienvenue, welcome, wilkommen, bienvenida, 歓迎 : inscrivez-vous à n’importe lequel des prochains week-ends de mars ou avril via le formulaire de contact !

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Les primeurs sont bien en place sous le tunnel : je vois carottes, radis, navets, betteraves, salades, fenouils, pommes de terre grandir. Et crains la catastrophe même si j’essaie de rester philosophe : ravageurs, maladie, gel, montaison… Tout peut arriver ! Il faut les protéger du froid quand il fait -10, les aérer et arroser aux premiers rayons du soleil, les couvrir contre les insectes (vol de mouches à prévoir prochainement). Mais si tu couvres, tu vois plus les dégâts des limaces, chenilles et pucerons… La prochaine fois que par un après-midi de printemps où le soleil jouera à cache-cache avec les nuages et que sans cesse vous enfilerez et retirez votre veste à la terrasse d’un café… Vous penserez à moi : je serai sans doute en train de faire la même chose avec mes portes, enroulements de tunnels et voiles de protection de 50 m de long… Un tantinet plus fatigant : après tant d’agitation, je ne remets pas mon pull, en ce qui me concerne.

 

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Choux pointus et salades sur paille

 

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Enfin des salades !!!

J’écoute en travaillant, dès qu’un nouvel épisode est diffusé, « Le Journal Breton » d’Inès Léraud (Les pieds sur terre, France Culture) avec un vif intérêt, ou me régale de la chronique d’Arnaud Daguin dans l’émission « On va déguster » sur France Inter. Je sens  que nous nous battons pour les mêmes idées, urgentes, d’un changement d’alimentation, d’un autre rapport à la terre, accompagné d’une dénonciation révoltée du système actuel qui détruit êtres humains, animaux et paysages. Cela me motive et me conforte même si je n’oublie pas que pour vivre un peu de mon travail, il va falloir que je multiplie par 4 mon chiffre d’affaires actuel et dérisoire d’ici 5 ans. Mais pour cela je dois produire et travailler plus. En ai-je envie ?

 

 

Et dès le 31 mars, retrouvez-moi le samedi matin au marché de Saumur grâce au nouveau stand des producteurs  rénové par la Ville dans les Halles Saint-Pierre.

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Topette !

 

 

Radis-kale*, le retour

Radis : une racine qui se mange et peut devenir piquante si elle manque d’eau. De la famille des crucifères, elle a comme ennemi l’altise, la mouche du chou, la piéride et Jaques Attali (voir article précédent).

Kale : chou non pommé. On mange les feuilles. Mêmes ennemis que le radis. Très ancien (proche du chou sauvage) et très à la mode. Comme quoi, on peut être vieux et branché.

Radis-kale : ce dit d’une personne qui ne peut se contenter d’être un consommateur infantilisé et qui, malgré les mauvaises nouvelles quotidiennes, tente très modestement de faire quelque chose qui va dans le sens de la survie de l’espèce humaine, malgré les contradictions et les compromissions car il n’est pas facile de renoncer à son petit confort matériel et intellectuel.

De la difficulté d’être radis-kale : accepter de vivre un certain isolement car on vous reprochera votre extrémisme, d’être rabat-joie, un empêcheur de consommer en rond. Empreint de ce sentiment d’urgence, d’absolue nécessité d’arrêter de donner n’importe quoi à manger à vos enfants et de remplir vos poubelles d’emballages inutiles et polluants, vous voudriez le faire comprendre autour de vous. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il vous trouvera moralisateur, vous enjoindra d’arrêter d’être négatif. Mais l’extrémiste dangereux n’est-il pas plutôt celui qui dégaine des lingettes à tout bout de champ et donne du Nutella à ses enfants ?

De la joie d’être radis-kale : fabriquer son dentifrice et ne plus donner son argent à Unilever.

Après la mascarade du grenelle de l’environnement, l’enfumage de l’accord de Paris sur le climat, voilà l’arnaque des EGA, Etats généraux sur l’alimentation. Ou comment continuer de se faire complètement empapaouter par des vendus aux lobbies chimiques et industriels. Après les 11 vaccins obligatoires, petit cadeau de remerciements de ces messieurs à Sanofi, la réintroduction d’insecticide meurtrier pour les abeilles (merci Bayer et consorts), la fin des aides bio (merci à la FNSEA)… Effets d’annonce et rétractations histoire de noyer le poisson, tant qu’il existe.

Et pendant ce temps sur Terre, c’est l’alarme : disparition massive des animaux et destruction de leurs biotopes, accélération du réchauffement climatique, sécheresse en France. Le 2 août, nous avions consommé ce que la Terre peut nous fournir pour une année, depuis nous vivons à crédit. Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Au marché jeudi, un client, prof à la retraite, me parle de ses élèves qui après quelques séances d’éveil à l’écologie, voulaient crever les pneus des 4×4. Qu’attend-on pour nous révolter devant tant d’immobilisme et d’enfantillages de nos dirigeants au lieu de nous regarder le nombril et de penser à nos congés payés ? Nos enfants nous accuseront-ils de ne pas avoir été suffisamment radis-kale ?!

A demain, pour des nouvelles moins énervées de mon jardin,

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OGM, CMS, NBT, et puis quoi encore ?

Ce matin, sillonnant les routes givrées de la campagne angevine, j’attrape le début d’une émission de radio ayant pour thème l’accélération du monde. Question primordiale à tous points de vue et dont je voulais justement parler dans ce nouvel article qui, j’espère, marque mon retour sur ce blog délaissé ces derniers temps.

Pas de grandes considérations sur notre société moderne qui va trop vite, pour cela j’essaierai d’écouter le reste de l’émission… quand j’aurai le temps. Non un exemple concret de cette accélération qui empoisonne notre présent et menace l’avenir de notre alimentation.

Longtemps il fut question d’OGM, organisme génétiquement modifié, pour désigner un ennemi terrifiant de l’agriculture biologique même si ses défenseurs assuraient vouloir le bien de la planète et promettaient de nourrir l’humanité toute entière. Les OGM ont été encadrés, les OGM sont partout. Mais ils font surtout aujourd’hui figure de dinosaure. Les géants de la semence ont compris qu’ils devaient avancer masqués : on ne sait désormais plus si une semence a été trafiquée génétiquement.

Ainsi, l’année dernière à la même époque, les organisations bio s’inquiétaient des semences CMS (stérilité mâle cytoplasmique), déjà un moyen de triturer les graines sans être vraiment OGM. Pfff ! C’est déjà dépassé, complètement ringard : à peine le temps d’organiser une riposte collective pour refuser ces CMS que déjà on nous parle des NBT : nouvelles biotechnologies. Et c’est alors pas moins de 14 méthodes qui permettent de trafiquer une semence en laboratoire puis d’en tirer des générations d’hybriques « classiques » au champs. Ni vu ni connu je t’embrouille. Aucune loi ne vient encadrer ces pratiques qui ne sont à proprement parler pas de la modification génétique type OGM… Beaucoup de maraîchers bio, même parmi les puristes, utilisent des hybrides (ou F1) qui leur permettent pour certains légumes (salades sous abri, melon, concombres) d’assurer une production homogène ou sans trop de maladies. Mais voilà, on n’est plus sûr que ces hybrides soient juste des hybrides pas trop dégueu (je ne suis pas une scientifique – j’essaie de vous expliquer avec mes mots ce que j’ai compris… Je demande l’indulgence d’un éventuel lecteur averti)… Qui est-on pour lutter contre la puissance de l’argent et de ces grands groupes qui mettent tous leurs moyens dans cette course de vitesse où la riposte et la loi ont toujours un train de retard ?

Il nous reste à nous autres maraîchers de retrouver avec confiance les semences de « population » (sélection naturelle) : certes pour notre viabilité économique, ce choix n’est pas toujours évident mais nous pouvons apprendre à adapter nos variétés à nos terroirs, même si cela doit prendre plusieurs années et un temps fou. C’est une belle utopie en tout cas. Hasta siempre !

Pourquoi vous ne verrez pas mes légumes dans un supermarché

On m’a dit un jour que vendre mes légumes bio dans un supermarché pourrait permettre à ses clients de découvrir de vrais et bons produits et leur ouvrir ainsi de nouvelles perspectives. Peut-être… Mais si l’idée est louable, les arguments contraires sont à mes yeux trop nombreux pour me laisser tenter…

  • Le supermarché : ce temple de la surconsommation est construit dans une zone commerciale a l’extérieur des villes. Il a fait fermer tous les petits commerçants du centre-ville, a condamné des surfaces agricoles et a transformé notre beau pays en « France moche » (un peu de lecture par ici) avec son lot d’entrepôts, de ronds-points et de voitures en tous sens.
  • La grande distribution s’en tape royalement du bio. C’est un créneau de vente et de marketing comme les autres. Carrefour ouvre des magasins spécialisés « bio » après avoir hésité avec le créneau « hallal ». On sait que ce sont des produits bio les moins chers possible venant de l’autre bout du monde s’il le faut, idéalement là où on est moins regardant sur le cahier des charges.
  • La grande distribution se moque éperdument de l’écologie en général : combien de tonnes d’emballages qui en viennent remplissent nos poubelles puis nos incinérateurs  chaque jour ?
  • La grande distribution se fout comme de l’an 40 de ce qui fait un bon aliment : le goût, les nutriments, la juste rémunération pour son producteur. Les légumes qui y sont vendus ont été trafiqués génétiquement pour tenir longtemps dans les frigos, les camions et les étals. Au détriment donc du goût et de notre santé. Pour bien comprendre, jetez un œil à cet extrait d’un documentaire sur vimeo  qui parle de la comparaison nutritive entre des tomates issues de semences paysannes et de semences hybrides F1.
  • La grande distribution s’en tamponne le coquillard, des producteurs locaux : la vente de leurs produits ne représente qu’un faible pourcentage mais quelle pub à moindre coût ! Elle s’en bat l’œil aussi, contrairement à ce qu’elle dit, de notre pouvoir d’achat, car elle n’a qu’une idée en tête : nous piquer le plus d’argent possible – à ses clients en leur vendant des produits de mauvaise qualité, à ses fournisseurs en mettant la pression sur leurs prix, à tout le monde, quoi.

Bon. Difficile aujourd’hui de se passer du supermarché, hein ? Moi aussi, j’y fais une partie de mes courses, évitant soigneusement les produits suremballés et (presque toujours) la malbouffe. Et je pense que nos légumes et nos fruits n’ont aucun intérêt à y faire un tour, nous y perdrions notre âme… N’est-ce pas un plus bel objectif que de nous en faire sortir ? De nous faire reprendre contact avec la réalité car sous les néons, cette profusion de biens est un mirage. Révoltons-nous braves gens, virevoltons et utilisons pour de vrai notre vrai pouvoir d’achat pour faire vivre nos paysans et nos artisans.

 

4 – Sur le chemin de l’autonomie

Sur mon chemin, j’ai trouvé et formulé les trois piliers importants de mon changement et de ce que je bâtis aujourd’hui :

  • l’alimentation : comment se nourrir de façon saine, locale et économe ?
  • le sol vivant : créer un lien respectueux et fertile avec la terre pour une agriculture d’avenir
  • l’autonomie : trouver ma place dans notre société. Sortir d’un certain conformisme et consumérisme sans me marginaliser.

L’autonomie est la valeur la plus subjective des trois. Pour moi, elle est un cap à suivre qui doit m’aider à faire mes choix personnels et professionnels au quotidien. Je n’en fais pas un absolu rigide qui aurait tôt fait de m’isoler des autres. Patrick Baronnet (La Maison autonome) en donne une définition simple et efficace : être autonome c’est être responsable de sa vie… et choisir ses dépendances.

La recherche d’autonomie est ma façon de rester en alerte et de m’informer, de remettre en question le système actuel, bref de penser ! En effet, tout est fait aujourd’hui pour nous maintenir dans une dépendance infantilisante – la preuve, nous ne savons plus rien faire de nos dix doigts à part tapoter sur nos smartphones et payer par carte bleue ! Chercher l’autonomie me met donc sur la brèche : si je critique le système, dois-je en sortir (et par exemple, renoncer au chômage, à la CAF etc.) ? Pour appuyer là où ça fait mal, je lis le journal « La Décroissance » qui prône la révolution, sans compromission. En ce qui me concerne, j’ai la conviction très personnelle que nous arriverons à la décroissance non par choix mais par obligation quand le système se sera écroulé, étant donné les nombreux signes de faiblesse qu’il montre déjà (non, tout n’est pas de la faute de notre président actuel). D’ici là, je reste dans le système… et je crache dans la soupe (bio, bien sûr). Devenir maraîchère est bien sûr une manière de gagner en autonomie et d’en faire profiter une communauté locale. Mais depuis que je suis dans une maison isolée, je n’ai jamais été aussi dépendante… de la voiture.

La dépendance est particulièrement flagrante en agriculture. Les paysans qui se passaient de génération en génération un savoir ancestral, perpétraient localement céréales ou animaux ont été totalement privés de leur autonomie en quelques décennies. On voit les éleveurs de porc crever la bouche ouverte devant les caméras à chaque « crise », pris à la gorge par un système qui les maintient dans la dépendance la plus totale : aux traitements, aux investissements, à la grande distribution, aux consommateurs du pas cher. Quelques-uns d’entre eux arriveront sans doute à faire la démarche de sortir de cette dépendance mais la plupart ne savent pas faire autre chose que de demander de l’aide à papa et maman (l’Etat et l’Europe). Qui sont les responsables de leur perte, une armée de technocrates lobbytomisés (merci Nicole Ferroni pour cette expression bien trouvée)… Bref.

En agriculture, on parle d' »intrants » c’est-à-dire tout ce que tu achètes pour produire – « phyto », engrais, plants, etc. Mon but est d’aller le plus loin possible pour éviter ces intrants mais sans mettre en danger ma santé, ma vie de famille. Car oui, être autonome, c’est plus de boulot, plus de compétences et donc plus de temps. Je n’utilise aucun produit phytosanitaire même permis en bio (exception faite du Ferramol – les granules anti-limaces pour sauver la production et que j’espère évincer plus tard) mais j’achète terreau, compost et semences. Je mets en place les compétences nécessaires pour fabriquer mes PNPP – produits naturels peu préoccupants (sic) – purin d’ortie et autres décoctions. Les modes de fabrication et d’application demandent connaissances techniques et temps. La marge de progression est grande – je suis en année 0, rappelons-le ! Pareil pour la machine : comment m’en passer ? devrais-je me passer de tracteur (et des outils qui vont avec) ? Tout faire à la main au risque d’être cassée dans 2 ans ? Je ne l’envisage pas pour l’instant. Mais de là à savoir démonter (et remonter) un moteur… Il y a de bons garagistes comme il y a de bons maraîchers, n’est-ce pas ? Et qui sait, peut-être pourrai-je en trouver un qui veut bien se faire payer en légumes ?

Vive l’autonomie !

 

Sur le chemin – épisode 3

Edition spéciale !

Depuis ce matin, sur mon petit chemin de traverse, je ne suis pas seule, j’ai croisé de nombreuses personnes venues m’encourager. Quelle belle surprise car j’ignorais me trouver dans la newsletter de La Ruche (merci à l’initiateur !). Messages, abonnements, commentaires sont arrivés petit à petit. Comment vous dire ce que j’ai ressenti ? J’étais incroyablement touchée, émue, fière, impressionnée, intimidée. Moi qui, il y a quelques jours, traversais d’affreux doutes : qu’est-ce que je fais là à gratouiller la terre dans mon coin ? Quelle est ma légitimité à vouloir maîtriser ce métier si complet et si dur de maraîcher alors que je n’ai connu que le bitume et la vie de bureau ? Nous sommes nombreux à avoir de telles aspirations, n’ayons pas peur ! Au diable mes craintes du regard des « vrais agriculteurs » et ma trouille de me planter ! Vous m’avez redonné confiance en moi et je vous en remercie tous chaleureusement.

Une petite photo pour la route, la première pomme de terre qui pointe son nez sous ma serre… (Les mulots ont apprécié ses voisines, je n’en aurai sans doute pas beaucoup!)

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Et pour finir, encore une fois, merci.

Sur le chemin. Episode 2

Plutôt que de prendre tout ce qui m’énerve de manière frontale, j’ai donc choisi d’être actrice du changement que je souhaite pour la société. Et pour cela, il a suffi d’un geste, d’un seul. Un pas de côté, un petit pas dansant, une virevolte. La révolte qui gronde en moi peut alors prendre une autre direction, celle de l’action : je vis ma révolte et mon choix de devenir maraîchère comme un choix modeste et éminemment politique. Pour l’instant, difficile pour moi d’imaginer si je vais réussir à en vivre, à produire et commercialiser mes légumes. Mais je sens que je suis bien dans ce choix, dans cette recherche de sens que je veux donner à ma vie, dans cet enracinement après ma vide (sic : coquille que je laisse exprès !) citadine hors-sol. Dans ce lien que je veux tisser avec la terre, vivante sous mes pas. Ma colère comme moteur, bien. Mais c’est vrai que je ne me suis pas toujours rendue compte que je pouvais faire peur, avec mes convictions chevillées au corps (qui ont du mal à laisser la place à celles des autres, peut-être ?). Je poursuis pourtant un but simple : nourrir ma famille et les familles autour de moi. La vue de ma serre était tellement agréable aujourd’hui (surtout après plusieurs jours ininterrompus de vent et de pluie) : je ne voudrais être nulle part ailleurs! Simple, non?

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La vue de la terrasse !

 

Sur le chemin. Episode 1

En septembre 2015, l’aventure commence pour de bon. Mais cela ne s’est pas fait en un jour.

Cest tout d’abord l’histoire d’une lente transformation.

Cela a commencé il y a quelques années lorsque l’idée de l’écologie, d’une alimentation saine, d’une autre façon de consommer a pris une place centrale dans ma vie. Depuis, je m’en suis fait une loi morale qui me guide dans beaucoup de mes choix et comportements. Et plus je chemine, plus je suis frappée, happée et excitée par la cohérence et le sens qui m’entourent et m’habitent chaque jour un peu plus.

Petit à petit, la Biocoop et l’AMAP n’ont pas suffi. Une sorte de nécessité radicale, de colère montaient en moi. Paris, le bruit, la pollution, la foule, les polémiques médiatiques abrutissantes et vaines, tout ce que je suis obligée d’avaler tous les jours, me sont devenus insupportables. Mais étais-je vraiment obligée de subir ? Je sentais qu’il me manquait quelque chose qui me rattache à l’essentiel, au spirituel, au sens à donner à ma vie. Le besoin impérieux de ne plus cautionner cette société consumériste et hors-sol dont je me sentais complice.

J’ai découvert à quel point, sous une apparence policée de bobo parisienne, la révolte grondait en moi. Aujourd’hui, j’ai trouvé comment faire de cette colère mon moteur, comment la diriger dans le bon sens. En commençant par dire non. Non aux diktats médiatiques, à ce monde qui ne prend plus le temps, piétine les autres, exploite les êtres vivants et les ressources finies de la nature, puis jette, jette, jette. Si je ne crois plus dans la politique de nos pauvres dirigeants irresponsables, je dois croire en moi, en mon pouvoir de faire quelque chose.

J’ai dit non.

Et pour commencer, j’ai quitté Paris.

A suivre…

germe

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