Le compte à rebours avant mon installation. Le nez dans le guidon, le cerveau au bord de l’implosion, la liste des trucs à faire qui s’allonge à chaque fois que je respire… Les rencontres nationales de l’association Maraîchage sur Sol vivant m’offrent une coupure de 2 jours pour écouter, échanger, apprendre sur mon sujet préféré, sans que ce soit forcément lié à un chiffre à calculer, un devis à demander, un mail à envoyer.

Entre mille autres choses, j’ai appris que mon meilleur ami – le pote âgé de mon potager- était un vieil arbre… Hervé Coves en une de ses merveilleuses conférences dont il a le secret nous a emmenés au pays des mycorhizes, quelque part sous nos pieds. D’ici quelque temps, nous pourrons la visionner sur Internet. Voici en attendant, par quelques phrases maladroites, ce que je pourrais en dire ici :

Nous autres animaux pouvons nous déplacer pour nous nourrir contrairement aux plantes qui ont dû, au fil de leur évolution, construire des stratégies pour se partager les nutriments, se défendre, communiquer. Et ce grâce aux champignons souterrains -les mycorhizes- qui font la liaison entre leurs racines et le milieu (la solution du sol, les autres plantes). Entre deux plantes voisines, on retrouve des éléments dans la sève de chacune qui provient de l’autre. Quand une plante est attaquée, elle déploie sa stratégie de défense, les messages qu’elle envoie dans tout son organisme vont circuler jusqu’aux mycorhizes en lien avec ses racines qui transmettent l’information à leur tour aux plantes voisines. Ces dernières auront alors un temps d’avance sur leur prédateur. Dans la nature, les plantes s’organisent en « guildes » : des groupes de collaboration et de stratégie commune. Il est bon d’essayer de réintégrer ce principe dans nos (mono) cultures.

Selon Hervé Coves, il est possible d’établir, à force d’observation, les paramètres de ce qui fait un bon éco- ou agrosystème : celui, par exemple, du maraîcher qui voudrait faire pousser des légumes domestiqués par 12000 ans d’agriculture. Le premier élément, c’est un vieil arbre.

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Le vieux sage du conte serait-il le vieil homme assis sous l’arbre ou l’arbre lui-même ?

Ce dernier est en quelques sorte la mémoire du lieu : il porte en lui l’histoire du climat et de tout ce qu’il a développé comme défenses immunitaires pour résister aux conditions difficiles et aux attaques. C’est un aréopage inestimable de mycorhizes qui peuplent ses racines et communiquent avec le monde souterrain sur des dizaines (centaines?) de mètres carré.

Le vieil arbre, la lisière, les ronces, la prairie… A l’énumération de ces paramètres, je pense à ma parcelle bordée par le bois que je ne verrai plus jamais de la même manière. avant, je me demandais : me fera-t-il trop d’ombre ? les racines des arbres feront-elles concurrence en eau et nourriture aux légumes les plus proches ? Sans doute, mais la richesse des connections qui vont naître entre cette lisière et mon futur jardin est bien plus importante. Les ronces elles-mêmes en bordure ont leur rôle à jouer : elles sont là depuis que l’homme défriche et domestique les plantes et nos légumes apprécient sa proximité… je n’ai tout de même pas l’intention de cultiver dans un roncier, je vous rassure.

Puis le week-end est arrivé et avec lui Brigitte, Etienne, Mahaut et Valentine. Enthousiastes et attentifs, ils m’ont aidé à monter ma serre à plants (4x18m avec bâche enterrée), placer les éléments à terre pour les grands tunnels, planter quelques arbres fruitiers (à peu près alignés !). Merci à eux et à Chantal pour la logistique pour ce beau week-end de travail. Il me reste la table chauffante et les portes à finir et je pourrais y installer les premiers plants de la saison.

Ce matin, un voisin est venu épandre 10T de fumier bovin (sur 3000m²) dont une partie restée en tas et protégée servira sous les grands tunnels… qui attendent donc d’être montés : avis aux amateurs qui peuvent s’annoncer durant tout le mois de mars !

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Miam

Bonne semaine,

Fleur

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