Sur mon chemin, j’ai trouvé et formulé les trois piliers importants de mon changement et de ce que je bâtis aujourd’hui :
- l’alimentation : comment se nourrir de façon saine, locale et économe ?
- le sol vivant : créer un lien respectueux et fertile avec la terre pour une agriculture d’avenir
- l’autonomie : trouver ma place dans notre société. Sortir d’un certain conformisme et consumérisme sans me marginaliser.
L’autonomie est la valeur la plus subjective des trois. Pour moi, elle est un cap à suivre qui doit m’aider à faire mes choix personnels et professionnels au quotidien. Je n’en fais pas un absolu rigide qui aurait tôt fait de m’isoler des autres. Patrick Baronnet (La Maison autonome) en donne une définition simple et efficace : être autonome c’est être responsable de sa vie… et choisir ses dépendances.
La recherche d’autonomie est ma façon de rester en alerte et de m’informer, de remettre en question le système actuel, bref de penser ! En effet, tout est fait aujourd’hui pour nous maintenir dans une dépendance infantilisante – la preuve, nous ne savons plus rien faire de nos dix doigts à part tapoter sur nos smartphones et payer par carte bleue ! Chercher l’autonomie me met donc sur la brèche : si je critique le système, dois-je en sortir (et par exemple, renoncer au chômage, à la CAF etc.) ? Pour appuyer là où ça fait mal, je lis le journal « La Décroissance » qui prône la révolution, sans compromission. En ce qui me concerne, j’ai la conviction très personnelle que nous arriverons à la décroissance non par choix mais par obligation quand le système se sera écroulé, étant donné les nombreux signes de faiblesse qu’il montre déjà (non, tout n’est pas de la faute de notre président actuel). D’ici là, je reste dans le système… et je crache dans la soupe (bio, bien sûr). Devenir maraîchère est bien sûr une manière de gagner en autonomie et d’en faire profiter une communauté locale. Mais depuis que je suis dans une maison isolée, je n’ai jamais été aussi dépendante… de la voiture.
La dépendance est particulièrement flagrante en agriculture. Les paysans qui se passaient de génération en génération un savoir ancestral, perpétraient localement céréales ou animaux ont été totalement privés de leur autonomie en quelques décennies. On voit les éleveurs de porc crever la bouche ouverte devant les caméras à chaque « crise », pris à la gorge par un système qui les maintient dans la dépendance la plus totale : aux traitements, aux investissements, à la grande distribution, aux consommateurs du pas cher. Quelques-uns d’entre eux arriveront sans doute à faire la démarche de sortir de cette dépendance mais la plupart ne savent pas faire autre chose que de demander de l’aide à papa et maman (l’Etat et l’Europe). Qui sont les responsables de leur perte, une armée de technocrates lobbytomisés (merci Nicole Ferroni pour cette expression bien trouvée)… Bref.
En agriculture, on parle d' »intrants » c’est-à-dire tout ce que tu achètes pour produire – « phyto », engrais, plants, etc. Mon but est d’aller le plus loin possible pour éviter ces intrants mais sans mettre en danger ma santé, ma vie de famille. Car oui, être autonome, c’est plus de boulot, plus de compétences et donc plus de temps. Je n’utilise aucun produit phytosanitaire même permis en bio (exception faite du Ferramol – les granules anti-limaces pour sauver la production et que j’espère évincer plus tard) mais j’achète terreau, compost et semences. Je mets en place les compétences nécessaires pour fabriquer mes PNPP – produits naturels peu préoccupants (sic) – purin d’ortie et autres décoctions. Les modes de fabrication et d’application demandent connaissances techniques et temps. La marge de progression est grande – je suis en année 0, rappelons-le ! Pareil pour la machine : comment m’en passer ? devrais-je me passer de tracteur (et des outils qui vont avec) ? Tout faire à la main au risque d’être cassée dans 2 ans ? Je ne l’envisage pas pour l’instant. Mais de là à savoir démonter (et remonter) un moteur… Il y a de bons garagistes comme il y a de bons maraîchers, n’est-ce pas ? Et qui sait, peut-être pourrai-je en trouver un qui veut bien se faire payer en légumes ?
Vive l’autonomie !
17 janvier 2017 at 10 h 52 min
Ma Fleur, je partage ta question sur l’autonomie: Je m’intéresse aux ados sur cette question de l’envol, à quel moment sont-ils prêts à faire les bons choix, éclairés, prêts à assumer leur décision. Je deviens infirmière pour les collégiens, et je questionne non pas l’agriculture et ses moyens, mais le système éducatif et ses moyens: les parents comme les consommateurs ont-ils le nez sur ce qu’ils choisissent? Est-ce qu’on se donne les bons moyens?
J’adore te lire, de la meme génération, nous sommes sensibles aux mêmes choses, c’est drôle!
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