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Une semaine 10 en grande partie dédiée au montage du deuxième tunnel de 6m de large par 42m de long. Même erreur que pour le premier : je n’ai pas pris en compte la longueur totale des barres transversales (6 barres de 7m de long, je vous laisse faire le calcul) et étais partie sur une longueur de 40m en estimant un espacement de 2m entre chaque arceau (21 au total). Comme quoi, on apprend de ses erreurs, mais parfois plusieurs fois sont nécessaires ! Bref, je rectifie et mon tunnel finit dans le fossé de drainage du fond… Je dois donc recreuser pour l’avancer d’un mètre de l’autre côté… Je patauge, nous pataugeons quand je reçois de l’aide précieuse, mais nous avançons. Pose des drains avec paille, drain agricole, géotextile, paille puis terre. Plouf, plouf dans les fossés. Mercredi, il tombe des seaux, l’eau remonte dans ma première serre, j’ai planté des salades sans faire de buttes faute de temps; elles apprennent à nager… Mais mon téléphone m’annonce du soleil, je ne me lasse pas de voir s’afficher 0% de précipitations pour les jours à venir. En attendant cette accalmie, je tente de préparer mes planches sous la serre 1. Le sol est affreusement tassé et j’ai du mal à décaisser les allées à la pelle malgré le passage du motoculteur avant. Les jours suivants, il va en plus sécher à grande vitesse formant une grosse croûte qui m’obligera peut-être à repasser le motoculteur… Ce n’est pas grave, on verra ça plus tard ! Mon souci : mes semis de primeurs m’attendent dans la serre à plants…

Je m’offre quand même des récrés : plantation des fraisiers au bout de ma « terrasse », matinée de jeudi chez le paysan boulanger de l’AMAP de Durtal. Quel bonheur de pétrir le pain et quel sport : 80 kg à mélanger dans le pétrin. Le temps de la poussée, nous allons voir les brebis et leurs agneaux. Son système est bien pensé : rotation longue dans ses parcelles, son troupeau permet de laisser la terre se reposer et être nourrie entre ses cultures de blé ancien, de petit épeautre ou de sarrasin. Silos et moulin lui permettent une autonomie totale et de bien valoriser ses récoltes en farine ou en pain plutôt qu’en grains. Ce petit tour m’a frigorifiée, retour au fournil, le four chauffe et réchauffe. Tout en discutant à bâtons rompus, nous façonnons consciencieusement et stockons les pains dans le « parisien », le meuble à caissons pour la dernière poussée des pains, soit moulés, soit entreposés dans les plis d’un tissu en lin. Le travail m’appelle sur le terrain, on s’échappe avant la cuisson. Mais c’est fièrement que je récupère mon pain le soir à l’AMAP. (j’ai aussi mon levain à la maison et m’occupe de la fournée du week-end…)

Vendredi, Bernard et Denise, des voisins qui ont un projet d’installation en maraîchage sur petite surface, viennent me donner un coup de main plus qu’efficace : le soir, ma structure de 42m est posée ! Qu’ils en soient remerciés !

La semaine a été marquée aussi par un « petit coup de projecteur médiatique » sur ce modeste blog. Je dois avouer que ça m’a mis un peu la pression et j’ai fini par me demander pourquoi j’avais choisi d’en tenir un. Je voulais que les quelques infos techniques puissent servir à des personnes néophytes comme moi, quitte à ce qu’elles me contactent pour avoir des précisions, dur de tout faire tenir dans un article (je n’ai pas oublié que je dois rédiger un billet sur ma nappe chauffante). Pour mon entourage resté à la ville -les pauvres-, afin de suivre mon parcours et pour moi aussi, afin de garder une trace des étapes franchies, de l’espace-test à mon lieu d’installation. Et puis pour tous les autres qui voudront bien me lire et m’envoient de superbes messages d’encouragement.

Mon but dans tout ça, est d’être dans l’action, je ne veux pas passer trop de temps devant un écran. Et je ne souhaite pas non plus profiter de ce blog pour faire connaître à qui veut bien mon opinion sur tel ou tel sujet. C’est une faiblesse  humaine bien répandue de nos jours. Par exemple… Vendredi, je suis tombée sur une vidéo d’un homme politique en campagne expliquant à un parterre conquis (il devait y avoir Xavier Beulin et ses copains) que l’agroécologie est un passe temps de bobos qui veulent faire des selfies à la ferme tandis que les vrais agriculteurs sont des entrepreneurs. C’est vrai que ceux qui sont au bord du suicide parce qu’ils sont jusqu’au cou dans un système de surinvestissement et de loi du marché doivent se sentir vachement entrepreneurs. Zut, je commence à donner mon avis. Et après je vais m’énerver, totalement impuissante. Enfin, s’il en parle de ce truc d’agroécologie, c’est bon signe, ça doit commencer à les gêner aux entournures, alors ne lâchons rien.

J’arrête. Ce blog n’est qu’une vitrine de mon action politique qui consiste à attaquer des rumex par la racine et à semer des carottes. Là est ma puissance, là est le sens de mon action. Et c’est bien, je mets la colère dans le moteur.

Bonne semaine.

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